Ernest Gengenbach (1903-1979)
Né à Gruey-lès-Surance dans les Vosges, fils aîné des 5 enfants, Ernest est destiné à la prêtrise. En 1916, il entre au séminaire de Luxeuil, puis au grand séminaire de Saint-Dié. Avant la fin de ses études, il est amené à Paris en 1919 pour poursuivre des études de théologie. Il écrit à André Breton qui l’admet dans le groupe surréaliste. Gengenbach collabore sous le nom de Jean Genbach, puis sous celui d’Ernest de Gengenbach.
Voici comment il raconte sa propre histoire :
« Personnellement, après dix années de participation au mouvement surréaliste, je reçus, ainsi que je l’ai dit déjà, une sorte de coup de bambou mystique lors du suicide du poète René Crevel […] Je revins à la foi chrétienne de mon enfance, mais je conservai de mon séjour chez ces anarchistes sataniques un besoin de merveilleux… une nostalgie de féerie permettant à l’homme de s’évader du sordide quotidien. J’essayai de concilier surréalisme et christianisme. C’était peut-être une gageure et beaucoup me reprochèrent cette attitude contradictoire. […]
J’étais parti, avec un enthousiasme de conquistador, à la recherche du monde surnaturel que je désirais explorer. Et ce fut la catastrophe. Le duel Satan-Marie repris de plus belle… La rencontre imprévue d’une aventurière à la beauté captivante mais doublée d’une magicienne moire réduisit à néant toutes les résolutions que j’avais prises à l’Abbaye de la Pierre qui Vire, d’un retour définitif à un christianisme intégral. Je manquai à toutes mes promesses de conversion, sombrai dans le paganisme et la sensualité […] Je m’enlisai dans les marécages existentialistes et retournai à mes premières amours surréalistes. Et ce fut le commencement de débordements scandaleux, suivis d’excès libidineux et éthyliques qui nécessitèrent une cure de désintoxication dans une maison de repos. Un mois de convalescence, suivi d’un séjour au pays des mirabelles, dans le seigneurial presbytère lorrain de mon frère, m’avaient revitalisé le corps et pacifié l’âme… Malheureusement lorsque je revins à Paris, les Jésuites légitimement affolés par mes frasques me fermèrent la porte de mon chalet […]
Quelques semaines plus tard, les Editions de Minuit me demandaient le récit de ma vie satanique. J’intitulai mon manuscrit « Adieu Satan ». Pour des raisons financières, je capitulai et ne m’opposai pas au lancement de mon livre sous cette forme tronquée…Une publicité tapageuse fut faite à « l’Expérience Démoniaque »[…]Mais un examen de conscience sérieux un peu poussé m’eût obligé d’avouer, qu’en maintes circonstances, j’avais joué sur les deux tableaux, et que j’avais mis une certaine complaisance à laisser s’accréditer la légende du prêtre défroqué, consacré à Satan, avec qui il avait signé un pacte… La réalité historique était toute autre »
La bibliothèque de Saint-Dié conserve la bibliothèque de l’écrivain et quelques manuscrits subsistants.